La saveur des rêves by Belmont

Auteur:Belmont [Belmont]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Auto-Édité
Publié: 2024-01-31T23:00:00+00:00

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Journalistes, blogueurs, gourmets triés sur le volet, manifestement, l’inauguration du nouveau salon de thé d’un chef pâtissier renommé était un événement à ne pas manquer. Dans la vaste salle à l’atmosphère classe et épurée, plusieurs buffets avaient été dressés : sushis, huîtres, petits fours en tous genres, pâtisseries miniatures et chariot de barbe à papa. Des serveurs slalomaient entre les corps, munis de plateaux garnis de coupes de champagne. Les gens passaient d’un stand à l’autre avec l’aisance d’habitués de ce genre d’événements mondains.

Disséminées dans la salle, quelques personnes intimidées jetaient des coups d'œil anxieux de part et d’autre tout en grignotant des petits fours du bout des lèvres.

Lorsque Magdalena m’avait invitée, j’avais aussitôt accepté malgré ma misanthropie. J’étais arrêtée depuis plus d’une semaine à présent, et les journées me semblaient interminables. Pour l’occasion, j’avais revêtu une tenue que j’espérais soignée, afin de ne pas faire tache dans un tel endroit : un costume noir avec une blouse crème que m’avait offerte Lydie il y avait quelques années et que je n’avais jamais encore eu l’occasion de porter. Comme je n’étais pas très adepte des bijoux, je ne portais qu’une broche ayant appartenu à ma mère.

Nous nous sommes retrouvées à l’arrêt de bus attenant au salon. Sur les quelques mètres qui nous séparaient de l’établissement, Magdalena m’a briefé sur les personnes que nous pourrions rencontrer. Dès notre entrée, alors qu’un serveur nous tendait déjà une coupe, Magdalena a revêtu un visage impassible. Ni joyeuse, ni ennuyée, elle observait le spectacle qui se déroulait sous ses yeux de manière purement objective, prenant de temps en temps quelques clichés. C’était la première fois que je la voyais dans un contexte professionnel, et j’avais l’impression d’avoir affaire à une personne totalement différente. Lorsqu’une personne la saluait avec une excitation exagérée, elle lui répondait poliment et prenait rapidement congé en prétextant devoir saluer une connaissance qui venait d’arriver. Que la personne s'aperçoive après coup qu’elle lui avait menti ne la dérangeait pas le moins du monde. Après chaque entrevue, elle se penchait vers moi et me chuchotait le prénom et la fonction du ou de la concernée. Dans ces moments, je m’efforçais de réprimer un mouvement instinctif de recul causé par notre proximité physique. Parfois, quelques mèches de ses cheveux me chatouillaient la joue et déclenchaient des picotements sur ma peau. Bientôt, la star de la soirée a fait son entrée, escortée par une horde de paparazzi. L’endroit, déjà bondé, est rapidement devenu suffocant. Nous devions à présent jouer des coudes pour pouvoir nous déplacer et Magdalena ne prenait même plus la peine de répondre lorsqu’on l’interpellait. Son visage était livide et sa respiration saccadée. Sur son front, une fine pellicule de sueur le faisait briller.

— Ça ne va pas ? Lui ai-je demandé, assez fort pour couvrir le bruit environnant.

Elle a secoué la tête doucement, comme si cet effort lui coûtait.

— Dans ce cas, sortons.

Elle a acquiescé mais n’a fait aucun mouvement en direction de la sortie. Alarmée de la voir si affectée, j’ai tendu une main hésitante vers elle avant de suspendre mon geste.

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